Le 29 octobre 1909, le journal L’Auto publie : « Le Professeur Louis Doerr nous annonce l’ouverture d’une nouvelle salle, 26 rue de Pontoise. Le professeur Doerr est une figure agréablement connue dans le monde de la boxe. Il fonda le Boxing Club Quartier Latin, école de boxe au but très louable, et fut un de ces téméraires bien inspirés qui implantèrent la boxe anglaise en France. Mr L. Doerr a eu le bonheur de pouvoir s’adjoindre comme professeurs Peter Brown, le fameux poids moyen anglais apprécié et aimé par tous ceux qui l’ont vu combattre, et notre sympathique champion national 52 kilos, Léon Bernstein, qui possèdent tous deux d’excellentes qualités de professeurs. La salle est ouverte de 9 heures à midi et de 2 heures à 8 heures. Cours du soir à prix réduits les mardis et vendredis ».
Voilà comment en 1909 débute l’histoire du lieu qui s’appelle aujourd’hui le DOJO 5. Un an plus tard, en 1910, la Seine déborde dans la rue de Pontoise mais la salle tient bon. Louis Doërr y domicilie le B.C.Q.L. ou Boxing Club Quartier Latin, créé plus tôt en 1903, et qui va trouver ici une salle pour plusieurs décennies.
En 1912, après avoir été la Salle Doërr, elle devient la Salle Lerda, du nom de Louis Lerda. Louis Lerda est reconnu officiellement comme un pionnier du Noble Art en France (voir FFBOXE). Louis Lerda a passé sa jeunesse en Amérique où il a appris la boxe anglaise et combattu dans une trentaine de combats plus ou moins autorisés, sous le nom de « Kid Adler ». Il s’installe à Paris en 1899, et aide à y développer le Noble Art, à une période où la Boxe Française est très populaire. Louis Lerda contribuera au développement de la Boxe Anglaise et à son succès, notamment en devenant le manager de champions et organisateur de combats.
Tous les champions passaient à la Salle Lerda. D’ailleurs, à l’inauguration de la Salle Lerda, c’est Georges Carpentier lui-même qui combattit un certain Georges Mitchell sur le ring du 26 rue de Pontoise. En 1944, Louis Lerda co-signe avec J.C. Casteyre un ouvrage intitulé « Sachons boxer » dont la conclusion émet le souhait d’une utilité de la Boxe « à ceux qui cherchent à la fois, dans la pratique d’un sport, un moyen attrayant de culture physique et un procédé efficace de culture morale. »
La famille Lerda (père et fils) resta aux commandes de la salle quasiment tout le XXe siècle. La salle propose de la boxe anglaise , puis de la boxe française, du jiu-jitsu, de la préparation physique, du judo… puis c’est au tour du Karaté de faire son apparition. Située à deux pas de la fameuse Montagne Sainte-Geneviève, berceau du Karaté français, la Salle Lerda propose l’art de la main vide dans les années 60. Georges Norel, un boxeur coaché par Lerda, ainsi que Daniel Ney, élèves de Ohshima Tsutomu sont les instructeurs de cet « Atomic Karaté Club ».
En 1967, Sadek Mazri s’inscrit à cette section karaté. 30 ans de pratique plus tard, Sadek Mazri reprendra la salle Lerda et en fera le « DOJO 5 » et son « Cercle Yoshitaka », une salle pluridisciplinaire où le Karaté est resté au cœur des priorités depuis 25 ans. Le dojo a pu recevoir d’innombrables maîtres, d’innombrables disciplines, entretenant l’esprit de la recherche autour du combat. Aujourd’hui, il continue à développer le Karaté, mais aussi la boxe anglaise (toujours !), le Jiu-jitsu brésilien, le MMA, la self-défense, le Jeet Kune Do et le Penchak Silat.